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Pascale CELLE

1-      Pouvez vous vous présenter?

Je m'appelle Pascale et je suis enseignante coordonnatrice en ULIS (Unité Localisée pour l'Inclusion Scolaire) TFC (Troubles des Fonctions Cognitives) en lycée professionnel depuis 2007 - à Yssingeaux, Haute-Loire (43). Je suis certifiée de technologie, discipline que j'ai enseignée pendant 21 ans en collège avant de travailler en lycée.

2-      Pourquoi ce choix de métier ?

En 2003, j'enseignais la technologie et l'opportunité d'une création d'une UPI (ancienne dénomination des ULIS) dans le collège où j'étais, a été le point de départ de ma spécialisation.

L'enseignant coordonnateur de cette UPI avait contacté plusieurs enseignants (technologie, histoire-géo, EPS, musique, français) pour accueillir les élèves en classe de 6ème au départ puis en 5ème etc.). Motivée par ce nouveau public, épaulée par le collègue, je me suis lancée en 2003-2004. Une formation sur les troubles spécifiques du langage écrit et oral m'a donné envie d'en savoir plus.

Mon collègue m'avait prévenu : « Lorsque l'on travaille avec des jeunes en situation de handicap, on n'a plus envie de les lâcher » Trop tard, j'avais mordu à l'hameçon avec l'accueil de ces élèves « extra » ordinaires dans mes classes. J'ai souhaité en apprendre davantage pour les accompagner de manière plus pertinente en technologie et j'ai commencé ma formation par la préparation du 2CASH (Certificat Complémentaire pour les enseignements Adaptés et la Scolarisation des élèves en situation de Handicap option D : troubles graves des fonctions cognitives) à Lyon.

Pour compléter mes connaissances, j'ai pu ensuite, grâce à l'obtention d'un congé formation, préparer une licence Science de l'Éducation, un D.U. en neuropsychologie et éducation à Lyon, suivre une formation de coordonnateur d'UPI et enfin préparer l'ouverture de l'UPI dans le lycée où je travaille actuellement.

La formation suivie, mon expérience avec les élèves de l'UPI collège, mon parcours, ma connaissance de la dyslexie m'ont permis de rencontrer des chefs d'établissements, des enseignants et des parents. Depuis 2007, je suis coordonnatrice d'une ULIS lycée qui a le privilège de fonctionner en partenariat entre deux établissements proches géographiquement : l'un dépendant du Ministère de l'Éducation Nationale, l'autre du Ministère de l'Agriculture. Les plateaux techniques mis à la disposition des élèves sont ainsi multipliés.

3-      Que représente le travail en  ULIS ?

Le fonctionnement d'une ULIS lycée basée sur 2 établissements est riche mais la gestion est considérable. Le terme « coordination » y prend tout son sens avec la quinzaine d'enseignants qui intervient auprès des 8 élèves (4 garçons et 4 filles âgés entre 16 et 19 ans), l'emploi du temps sur les deux lycées, les déplacements, la gestion des prises en charge taxi, les services de soins, les parents, les stages, les dossiers, les tâches administratives, les impondérables, les incontournables et les aléatoires, la recherche d'une sortie possible pour les élèves, sans oublier la mission d'enseignement pour environ 11 heures par semaine.

Les semaines sont chargées, la responsabilité conséquente mais je ne voudrais pas revenir en arrière.

De plus, j'ai la chance d'avoir autour de moi, des auxiliaires de vie scolaire (collectifs), des collègues et des chefs d'établissement, sur lesquels je peux compter et avec lesquels nous formons une équipe solide et stable. Sans le fruit de cette collaboration, l'ULIS ne fonctionnerait pas.

 

4-      Quels sont les points positifs de votre travail  ?

Le fonctionnement que je propose convient aux deux lycées et me permet d'offrir des activités pertinentes aux élèves.

En ce qui concerne les élèves en situation de handicap, leur spontanéité, leur franchise, leur émerveillement, leur motivation, leur envie de bien faire restent la meilleure des stimulations même si leur niveau scolaire reste faible, même si certains points acquis avec peine deviennent incertains, même si leur capacité de mémorisation est limitée, même si parfois, on a l'impression de ne pas avancer.

Parfois, je suis découragée par les difficultés à trouver des solutions pour des stages en entreprise, désolée de ne pas pouvoir aborder le handicap avec certaines familles, démotivée lorsque les solutions post-Ulis lycée sont plus que limitées, navrée de ne pas pouvoir travailler sur les compétences des référentiels de CAP parce que les élèves n'atteindront pas le niveau, fâchée après les « pondeurs de textes » qui proposent des théories impossibles à mettre en pratique. Mais, tout ce versant négatif est balayé lorsque les élèves, dans leur franc parler remettent les choses à leur place, relativisent les problèmes, innocentent les plus coupables, continuent d'avancer parce qu'ils y croient et prennent plaisir à apprendre et à être là, à l'école, comme tout le monde.

Je crois que des solutions restent possibles et envisageables pour que chaque jeune ait sa place, un emploi dans la société pour y être reconnu. Tant que je reste persuadée de cela, mon travail a du sens et je reste positive.

5-      Que doit-on changer pour une meilleure adaptation de nos élèves ?

Les élèves en situation de handicap sont adaptables à toutes les situations, faire avec, ils le savent, le pratiquent et restent motivés. L'école fait ce qu'on lui demande : offrir à tous une scolarisation possible. Certes les moyens humains et financiers pourraient être augmentés mais le plus important est la sortie de ces jeunes. Quelle place pour eux dans notre société ? Ces filles et ces garçons scolarisés en milieu ordinaire ont acquis des compétences gestuelles en lycée professionnel, nous travaillons avec eux sur le développement de leur autonomie et leur confiance en eux.

A leur sortie d'ULIS lycée, ils sont employables, certes pas tous sur un emploi adapté en milieu ordinaire, mais ils sont capables de faire quelques tâches simples. S'il y a une chose à changer, ce serait l'adaptation de l'emploi par l'aménagement de postes en entreprise, la création de places en ESAT. L'école scolarise, le monde du travail devrait pouvoir prendre le relais avec le soutien des politiques

Le monde ordinaire devrait être plus confronté au monde du handicap pour le connaître, le découvrir, ne plus en être effrayé, l'accepter et le côtoyer tout simplement.

 

 

 

 

 

 

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